By the law. ft Sai

Matinée chargée pour Ji Yeon, qui ce matin là ne pensait pas appeler la police. En effet, arrivant dans la petite rue tranquille où se trouvait son magasin, la belle ne pu que constater avec effroi que la porte du magasin avait été forcée, et ainsi donc le magasin vandalisé. La police arriva rapidement, mais entre temps, la renarde avait du faire part de ce désastre à sa grand-mère. La pauvre femme serait sûrement tombé dans les pommes, elle qui avait longtemps tenu ce commerce pour le faire fleurir. Ji Yeon ressentit un pincement au coeur…Sa si douce grand-mère semblait vraiment attristée par la nouvelle. Quel crétin…D’ailleurs, elle sentit son sang bouillir et elle se jurait que si elle avait la main sur ce voyou, elle l’aurait…dévoré.

Non pas qu’elle avait déjà goûté à de la chaire humaine, mais pour venger sa grand-mère, ça aurait été une aubaine. Le constat fait, Ji Yeon ne peut ouvrir le magasin. Traînant des pieds, la renarde inscrit sur la porte que le magasin était fermé temporairement. Maintenant, il ne restait plus qu’une chose, engager un avocat et voir pour la suite.
Une fois revenue à la maison, Ji Yeon parle avec sa grand-mère, et la vieille dame remarque l’air lugubre de la plus jeune. C’est alors qu’elle conseilla à sa petite-fille d’aller voir un certain Rhee Sai. Curieuse, la renarde arqua un sourcil avant que son aïeule ne se prononce sur l’identité de cet homme. « C’est mon avocat, en vérité l’avocat du commerce. Il saura t’aider. Je dois avoir sa carte de visite quelque part. »

Quelques instants après, la voilà dans un taxi, direction le cabinet d’avocat où se trouvait se dit Rhee Sai. Songeuse, Ji Yeon observe le paysage défiler, passant de petit quartier tranquille à gratte-ciel énormes. Souvent, elle pensait à sa vie, et qu’est-ce qu’elle serait si elle n’avait pas été un renard à neuf queues, mais une humaine comme les autres. Peut-être qu’elle travaillerait dans un de ses bureaux ? Peut-être qu’elle serait une star ? Bercée d’illusions et de rêveries, elle n’entend même pas le taxi driver qui lui répète qu’ils sont arrivés. « Oh, pardon. Je vous règle par carte. »

Le taxi payé, elle observe le bâtiment. Sobre, mais classe. Confiante, Ji Yeon se présente à l’accueil où une femme lui demande poliment l’objet de sa visite. « J’ai un rendez-vous urgent avec M. Rhee Sai » répondit-elle en observant la secrétaire. Elle lui sourit tout aussi poliment avant de confirmer et de désigner l’ascenseur. « Bien sûr, M. Rhee vous attend. »

Bientôt elle se retrouve devant une énorme porte. Eh ben…il devait être réputé cet avocat. Hésitante, elle attendit quelques secondes avant de frapper à la porte, assez distinctement pour que l’usagé derrière puisse l’entendre. Puis elle ouvrit la porte pour dévoiler le dit avocat. Instantanément, elle fut frappée par une odeur familière. Une odeur qui lui fit presque hérisser ses poils et à en faire sortir ses queues de renard. Impossible. Sa grand-mère aurait-t-elle oublier de préciser quelques choses à propos de leur avocat ? Comme pétrifiée, Ji Yeon n’arrive pas à décoller son regard de l’imposante personne face à elle. Son avocat, certes…Mais un gumiho.

Il arrivait souvent que je demande où ce monde allait. Tout allait de plus en plus vite, de plus en plus loin. Les humains croyaient avoir atteint un paroxysme sur la connaissance de son monde, et il était de plus en plus dur pour moi de suivre. Non en faite c'est juste que je regrettai parfois le temps où je passais mes journées sur la montagne. La vie était bien plus simple, il ne m'importait que de me nourrir en trompant un humain de temps en temps et à apprécié ce que le monde m'offrait. On est bien loin des exigences du monde actuel, de cette génération numérique. Par contre il faut avouer que le monde moderne a de nombreux avantages, enfin, quand on vit comme un humain. Mais ce maudit téléphone qui n'arrête pas de sonner lui, je le jetterais bien au fond d'un lac.

Je soupir en passant la porte de l'immeuble où se trouve mon cabinet et me résigne à passer le téléphone en vibreur. La sonnerie me casse les oreilles. Je salue ma secrétaire qui est déjà là. Il y a des jours où je me demande ce que je pourrais faire sans elle, elle est littéralement la guide de ma journée. Comme quoi certains humains sont utiles, même si honnêtement dans mon métier j'ai plutôt tendance à croiser les pires d'entre eux. Sa m'en donnent des idées de quatre heures parfois enfin bref. Je commence à consulter mes dossiers quand ma secrétaire arrive, prétextant un appel d'un ancien client. Enfin d'un de mes anciens clients, mais je ne peux décemment pas lui dire que ça fait plus de 90 ans que je tiens ce cabinet. Il fallut simuler quelques morts et de nouvelle apparence au fil du temps. Dans tous les cas je ne peux pas laisser ce client en particulier dans l’embarras.

Je reste quelques instants pour voir comment décaler des rendez-vous pour répondre à cette demande particulière. Ma secrétaire s'arrache les cheveux rien que d'y penser mais acquiesce et par refaire mon planning. Par habitude je me replonge dans mes dossiers, ne me préoccupant pas vraiment du temps qui passe. J’entends juste quelqu'un toquet à ma porte, je marmonne une « Entrée » à peine audible sans lâcher mes notes des yeux. Cette odeur si particulière arrive immédiatement, sans vraiment me surprendre, je m'y attendais un peu. L'odeur familière d'une autre Gumiho. Je lève la tête, n'entendant pas le bruit des pas s'approchant du bureau. Qu'est qu'elle me fait elle ? Décidément les jeunes renards sont si vite perturbés, ça ne s'arrange pas au fil des générations. Si on avait été si mollasson, on y serait passé à coup sûr. Je plante mes yeux dans ceux de la jeune femme, laissant mes pupilles reprendre leur aspect un peu plus animal quelques secondes. « Votre grand-mère aurait-elle oublié de vous enseigner la politesse ? Dans mes souvenirs elle avait du respect pour ses aînées, où tout du moins suffisant de crainte envers les créatures plus anciennes qu'elle. »

Je la toise encore un peu du regard avant de soupirer pour tenter de retrouver son dossier au milieu du bazar que je viens de mettre sur mon bureau. Comment est-ce que je peux faire au bout de temps d'années pour toujours m’éparpiller autant moi ? Bref, j'abandonne, j'attrape une chemise vierge et quelques veilles que je dépose devant moi. « Asseyez-vous, je n'ai plus tous les détails vus que je vous ai pris rapidement, je vais avoir de besoin d'un éclaircissement. » J'attrape un stylo et attends, mais je sens toujours l'interrogation, où plutôt la crispation chez la jeune femme en face de moi. Je m'appuie plus sur le dossier de mon fauteuil en soupirant, lâchant mon stylo et en posant mes pieds sur le coin du bureau. « Bon je suppose que vous avez des questions ? »

Ah. C’était ce qu’elle pensa lorsqu’il ouvrit la bouche et bien entendu, ses paroles déplurent immédiatement à la jeune femme qui fronça le nez, bien que se retenant de répondre de manière cinglante. Elle lâcha tout de même un « Bonjour » sec, avant que Jiyeon s’execute, en silence. Elle était prête à dire les détails, jusque’à ce que monsieur prenne un peu trop ses aises.

A la place, elle arbora son plus beau sourire forcé avant de répondre d’un ton qui se voulait clair et surtout qui laissait indiquer qu’elle ne se laisserait pas intimider par l’avocat: « Oh eh bien contrairement à ce que vous pensez, ma grand-mère m’a au moins appris à partager les affaires professionnelles et privées. Donc si j’ai des questions pour l’instant, ça ne regarde que la boutique qui a été saccagées la nuit dernière. C’est la moindre des politesses.»

Mais pour qui il se prenait ?? Lâchant un soupire sec, la renarde passa une main dans ses cheveux avant d’enchaîner. « Vous devez le savoir, mais la boutique de ma grand-mère a traversé pas mal d’années -pour ne pas dire des siècles- et il en va de soi que nous détenions des articles d’une valeur astronomique aux vues de leur rareté et qualité. La police a été appelée immédiatement, et nous avons de fortes chances de retrouver les voleurs. D’où ma présence ici-même devant vous. Monsieur Rhee ». Articula-t-elle en dernier, plantant ses yeux dans ceux du plus âgé.

Il avait raison ce M.Rhee, même si cette première rencontre était piquante, Jiyeon restait curieuse quant à ce mystérieux homme qui semblait bien connaître sa famille. De ce fait, peut-être serait-il au courant de ce qu’il s’était passé avec sa mère ? Les souvenirs sont flous, mais le désir d’apprendre la vérité était plus fort. Pourquoi l’avoir assommée cette nuit là dans cette forêt de bambous ? Où était-elle allé ? Revenant au présent, Jiyeon croise les bras sur sa poitrine, et soupire de nouveau. « J’étais à deux doigts d’aller tuer ces idiots, mais je ne peux pas. Cela ne causerait que des problèmes en plus et je ne veux pas apporter plus de soucis pour ma grand-mère. Vous comprenez n’est-ce pas ? » marmonna Jiyeon, ses yeux se perdant dans la pile de papiers de l’avocat devant elle.

Son aïeule n’avait jamais dit un mot quant à ce Rhee Sai. Et elle s’étonna qu’elle ne l’ai pas fait avant et de la prévenir sur le comportement de ce renard arrogant à ses yeux, mais elle était là pour obtenir de l’aide, alors elle se montrerait docile…pour l’instant.

Bon d'accord j'ai peut-être été un poil, je dis bien un poil trop sec. Soit tant pis, ce n'est pas comme si j'étais plus agréable avec mes autres clients, je suis un vieux ronchon il faut croire. Quoi que de toute façon je suis un vieux ronchon, privilège des années. Bref son ton ne m'étonne pas forcément, elle fait au moins preuve de caractère. Un bon point pour la nouvelle génération de gumiho, ils savent encore montrer les crocs il faut croire. Même si j'ai toujours l'impression qu'ils sont bien trop contents de vivre au milieu des humains.

Sa réponse m'amuse, j'ai l'impression de voir sa grand-mère il y quelques centaines d'années en arrière. Comme quoi les chiens ne font pas des lièvres comme dit le dicton, enfin je crois. « Avec tout le respect que j'ai pour votre grand-mère et sa boutique, je pense que les humains n'ont pas la moindre idée de ce qu'ils ont dérobé, à moins que... » J'ai soudain un éclair, pourquoi est-ce qu'un humain gaspillerait du temps à voler une boutique comme celle-ci ? À moins de savoir exactement ce que l'on cherche. Je descends les pieds du bureau pour attraper mon téléphone, finalement au fil des années j'ai accumulé les contacts, autant que sa serve. « Une seconde, je crois que je vais devoir tirer quelques ficelles. »

Je réinstalle dans le fauteuil composant le numéro sur mon téléphone. « Monsieur le commissaire, cela fait longtemps... oui bien sûr, je sais que vous êtes occupé mais j'ai mademoiselle Yoo en face de moi. Sa boutique est dans notre cabinet depuis avant votre nomination et notre réputation est en jeu. Je serais bien embêté de devoir expliquer au maire que vous n'êtes pas capable de résoudre un vol si particulier, j'ose imaginer que vous avez déjà été voire certains cercles que vous côtoyez vous-même. A moins bien sûr que vous espériez voir cette affaire s'étouffer toute seule. »

Je raccroche lançant le téléphone sur le bureau, remettant un poil d'ordre sur les papiers du bureau. Il va vraiment falloir que je songe à mettre de l'ordre là-dessus. Mais je ne peux pas m'empêcher de rire lorsqu'elle me dit qu'elle aurait bien dévoré les voleurs. « J'ai l'impression d'écouter votre grand-mère, vous êtes bien plus réfléchis qu'elle a son âge. Je suppose que c'est aussi l'époque qui veut ça. C'est parfois difficile de résister à ses instincts n'est-ce pas. ». Je reprends le bon dossier sous les yeux, relisant les détails, réfléchissant à la suite des événements. Je m'amuse avec mon stylo, un tic pris au fil des années. « La suite des événements risque d'être plutôt classique, tant que je resterais sur leur dos pour que l'enquête continue. On est maintenant à la merci de la police, à moins que vous ayez des questions en particulier ? » Je me remets au fond du fauteuil pour l'observer, continuant de faire tournoyer le stylo entre mes doigts. J'ai bien du mal à cerner la jeune femme en face de moi, après tout je ne croise pas tous les jours un autre gumiho.

Jiyeon arqua un sourcil en regardant l’avocat soudainement se démener, et pour l’instant, elle le laissa faire, attendant patiemment qu’il finisse son coup de fil. Décidément, il avait l’air de mettre la pression sur tout le monde, y compris ses connaissances professionnelle. Ainsi donc, cette histoire n’allait pas stagner à son grand soulagement.

Se redressant, elle regarde l’homme en face avant de sourire légèrement. « Je ne sais pas trop la jeunesse de ma grand-mère, mais j’ai bien du mal à l’imaginer ainsi maintenant. » Il avait l’air d’en savoir beaucoup sur son aïeule, plus qu’elle visiblement. Il lui signale que la suite des évènements serait classique et que donc tout irait bien. Evidemment, il n’y avait aucune raison pour que ça se passe mal, songea-t-elle avant de relever les yeux pour croiser ceux de son compère. Des questions ? Sur quoi ? Certainement pas de l’affaire en cours puisqu’il avait l’air de l’avoir déjà clos. Parlait-il de leur…race ? Ou de lui ?

« Mh…Au risque de paraître impolie, mais tant pis, vous semblez connaître ma grand-mère mieux que moi. Quel âge avez-vous ? » Il n’en avait pas l’air, mais il devait être vieux, assez pour qu’il connaisse sa grand-mère jeune. Non pas que la dame était toute vieille et ridée à l’heure actuelle, mais disons que son vénérable âge comptait déjà beaucoup. Mais cette question n’était rien comparée à celle qu’elle avait en tête et qui lui brulait la langue depuis le départ. « …Par hasard, est-ce que vous avez connu ma mère ? » Après tout, s’il avait connu la grand-mère il devait forcément avoir connu la mère. Jiyeon qui se raccrochait encore à l’espoir de revoir cette dernière alors que cela faisait maintenant près de 96 ans qu’elle ne l’avait pas vue ou entendue parler d’elle. Elle ne voulait peut-être pas voir la vérité en face et accepter qu’elle était tout simplement plus de ce monde, mais trop de mystère planait autour de la mère de Jiyeon, et sa grand-mère n’avait jamais parlé de cela avec elle. C’était une sorte de sujet tabou entre les deux femmes. Peut-être que Sai en savait plus, et dans ce cas elle espérait qu’il lui apporterait des réponses.

Je ne peux pas retenir un rire lorsque la renarde parle de sa grand-mère. Je suppose que c'est peu le lot de tout le monde, de ne pas imaginer que sa famille est un jour pu être jeune et sauvage. En même temps difficile de donner l'exemple si c'était le cas. Je suppose que maintenant que le problème de la boutique était en cours de routes, toutes les questions qui dévoraient la jeune femme allait sans doute refaire surface. Peut-être que j'aurais dû rester un peu plus désagréable pour éviter l'interrogatoire. Mais je suis sûr que sa grand-mère aurait trouvé le moyen de venir me remonter les bretelles, alors autant évité un moment désagréable. « Je suppose que nous avons une époque plus... sauvage, et moins civilisé qu'aujourd'hui. On pourrait dire que c'était l'âge d'or des gumiho, en quelque sorte. »

Je regrette un peu ce temps-là, où les hommes n'avaient pas mis leurs pattes partout, où c'était encore la nature qui dictait ses règles. C'était un autre monde, une autre époque, où les légendes n'en étaient pas encore. Un monde bien différent, nous vivions comme des gumihos, et pas comme des hommes, alors que maintenant on est dans la situation inverse. J'appuie sur l'interphone pour contacter ma secrétaire. « Jin Ah, est-ce que vous pourriez amener un thé pour mademoiselle Yoo, mon rendez-vous va durer un peu plus longtemps que prévu. Merci. » Je sens que la situation va rapidement allez sur un terrain glissant, alors autant ce mettre à l'aise. Mon âge ? Il y a bien longtemps que l'on ne m'avait pas posé cette question, enfin pour mon vraie âge en tout cas. C'est pourtant une des rares questions à laquelle même moi j'aurais du mal à répondre. « Mon âge hein ? » Je regarde autour de moi, mon bureau est rempli d'objet, dont la plupart auraient leurs places dans un musée, résultat d'une vie bien trop longue sans doute. Je me lève, me dirigeant vers une armure japonaise sur un présentoir, présentant de larges marques, que l'on pourrait prendre pour des coups de sabre, sauf qu'il n'en était rien. Ma main vient effleurer l'armure et ses larges marques sur celle-ci. « Je ne peux pas donner d'âge précis, le temps était une notion plus... relative. Les historiens donnent les invasions japonaises autour de 1590 non ? C'est mon premier vrai point de repère, et il y avait déjà un grand nombre d'hiver que j'étais là. » Je reporte mon attention vers la renarde, un sourire amusé aux lèvres. « Saï c'est du japonais, c'est ainsi qu'ils m'ont appelé, est-ce que vous savez ce que cela veut dire ? »

Je reste de marbre quelques secondes quand la question tellement redoutée arrive, la mère de la jeune femme arrive fatalement dans la conversation. Cette renarde obstinée ne lui a toujours rien dit après toutes ses années ? Ce n'est pas à moi de juger mais la jeune femme est assez grande pour connaître la vérité non ? Même si honnêtement ce n'est pas vraiment à moi de lui dire la vérité. Je pousse un soupir, me passant une main dans les cheveux. « Pas vraiment, je l'ai plu croisé avec votre grand-mère qu'autre chose. » Pourquoi je me retrouve toujours mêlé aux histoires alambiquées moi ? Le premier qui accuse mon caractère je le mange. J’entends toquer à la porte, je vais chercher le plateau avec les tasses de thé, remerciant ma secrétaire au passage. Je retourne vers mon bureau, tendant une tasse à la jeune femme. « Votre grand-mère s'obstine à ne pas vous parler d'elle je suppose ? Ce vieil obstiné ne n'arrange pas avec l'âge, je ne l'ai presque pas revu depuis au moins 90 ans, de moins pas depuis la disparition de votre mère. »

Une époque sauvage que la jeune gumiho n’avait pas connue. Bien sûr elle avait connue d’autres périodes difficiles, la guerre de Corée par exemple. Mais ce n’était sûrement rien comme elle l’imaginait pour le plus âgé des deux. L’atmosphère devient plus légère et il appelle même sa secrétaire pour du thé. Pauvre femme. Vu comment il l’avait accueillie aux premiers abords, elle se dit que ce n’était pas forcément facile de travailler avec un homme pareil. Mais bon, il ne semblait pas si terrible que ça se disait-elle. La réponse à sa question concernant son âge ne la surprit pas plus que cela. Cela correspondait à peu près à l’idée qu’elle avait. Elle arqua un sourcil. « Calamité ? » Répondit-elle avec aplomb un poil amusée. Elle savait parler japonais, couramment même. Cependant le coréen restait son essence, son existence même. Chaque fois qu’elle s’éloignait de ce pays, elle ressentait l’immense besoin d’y retourner, retrouver la nature, les montagnes et l’identité de ce pays qui l’avait fait naître.

Maintenant qu’elle jetait un coup d’oeil au bureau de l’avocat, elle remarquait elle même les bibelots disposés en décorations. Certains avaient une valeur inestimable, tous authentiques. Mais ça, elle pouvait le voir d’un coup d’oeil. Et pendant que son avocat récupère la tasse de thé qu’elle même prend après l’avoir remercié, elle observe la couleur ambrée du liquide, la réponse fatidique ne tardant pas à arrivé. La jeune femme avait le sentiment qu’il en savait plus qu’il ne laissait paraître. Ses yeux se posent sur lui avant qu’elle ne boive une gorgée de la boisson fumante.
« Je vois… » répondit-elle d’un air absent. Il y avait toujours une pièce manquante au puzzle. Mais il avait raison sur un point. Sa grand-mère s’obstinait toujours à garder secret cette nuit où elle avait perdue sa mère. « Vous êtes sûr que vous ne savez rien d’autres ? » Posa-t-elle comme question, légèrement insistante.
Après tout Saï n’était pas un inconnu éloigné de la famille comme on pouvait le croire. Il devait savoir quelque chose, c’était obligé. Et elle décida qu’elle découvrirait de sa bouche. « Enfin soit, admettons que vous ne sachiez pas grand chose, admettez que c’est louche. » dit-elle en posant la tasse de thé devant elle sur le bureau. « Une femme disparaît du jour au lendemain, aucune recherche, aucun changement notable alors qu’elle connaissait tout de même du monde. Aujourd’hui la plupart de ses connaissances sont mortes, mais à l’époque personne ne s’en ai inquiété. » expliqua-t-elle, les yeux légèrement plongés dans le vide.

Les souvenirs d’une mère qui l’avait abandonnée dans cette forêt de bambous la hantaient toujours, tel un fantôme. La vérité était peut-être déjà là dans son coeur, mais ses yeux refusaient de la voir…Difficile.